Et voilà, après avoir passé la nuit à la belle étoile (filante par moments), le soleil s’est levé, et nous découvrons les environs: du sable très clair et fin, et puis des mushrooms, plein de mushrooms. Ce sont les formations plus ou moins hautes de roche calcaire et dont l’érosion due au tempêtes de sable leur donne une forme particulière et unique. Un certain travail d’imagination permet de voir une poule, un oiseau, un sphinx, … etc
Alors, qu’avez vous repéré sur ces quelques clichés ?
Après une bonne heure de piste, nous arrivons à la sortie du White Desert. Nous nous séparons de l’américaine qui restera encore quelques jours dans le désert (c’était un voyage à titre professionnel, étant géologue), embarquons tous dans le même 4×4, et faisons route inverse. Nous croisons quelques chameaux sur la route du Black Desert et feront escale à Crystal Mountain, où comme son nom l’indique, nous trouverons plein de cristaux de calcite.
Notre route se poursuit jusqu’à proximité de l’Oasis de Baharyia, où nos guides feront leur pause baignade hygiénique. Le joli bain en plein air qui a un charme fou, mais dans la pratique, il s’agit d’un bassin d’arrivée d’eau (non potable comme dans tout le pays), lequel sert à l’irrigation locale.
On nous a bien proposé de nous laver, mais sans façon, on attendra le lendemain. Et oui, pas de douche la veille, et pas le soir non plus, vu que nous dormons dans le train. Ca va sentir le fennec tout ça. Encore une heure de piste à travers le sable, et nous arrivons enfin à notre lieu de départ de Baharyia où nous attends sagement notre chauffeur (le boulet, pour ceux qui n’auraient pas suivi). Le temps de prendre un thé, faire une pause toilettes chez l’habitant (et il faut reconnaitre qu’ils vivent dans un état de délabrement avancé à ce niveau), et puis nous voilà en route pour le Caire où nous sommes censés prendre le train pour Assouan.
En route pour Le Caire
Attention, la suite de ce billet va enfin révéler l’origine du surnom de « boulet » associé à notre second chauffeur. Nous sommes donc en route pour le Caire, nous roulons depuis deux heures quand tout à coup : une crevaison. No stress, ça arrive tout le temps ce genre de choses vu la route, la chaleur, … On en profite donc pour descendre de voiture, se dégourdir les jambes, s’alléger de certains poids, laissant au chauffeur le soin de changer la roue. Oui, car nous avions une roue de secours quand même.
Enfin, je ne devrais pas être si catégorique. En effet, nous avions bien une roue de secours, mais une roue de secours crevée dégonflée, ce qui est tout de suite moins drôle. Et j’avoue, ca ne nous a pas trop fait rire, car bon, va trouver une roue en plein milieu du désert. Le chauffeur, dont c’est quand même censé être le métier, n’a visiblement pas vérifié son outil de travail. Mais là où ca devient plus irritant pour nous, c’est par rapport à son attitude mollassonne quand il s’agit de trouver une solution, car nous la roue on va pas l’inventer.
Il passe un coup de téléphone auquel on ne comprend bien entendu rien, et il semblerait qu’on nous enverrait une voiture nous chercher, mais si elle part du Caire, on n’est pas rendus. En attendant, on espère qu’une voiture va passer par là, qu’elle s’arrêtera, et qu’on trouvera éventuellement une solution. C’est pas gagné.
Et puis tout d’un coup, un minibus d’un TO concurrent passe, et s’arrête. Au final, nous monterons tous avec lui (valises incluses) jusqu’à la fameuse station service vue la veille qui se trouve ne pas être trop loin. Effectivement, moins de 20mn plus tard, nous y sommes. C’est à partir de cet instant que nous n’avons plus compris grand chose, et que notre boulet s’est révélé être un mega boulet. Il repart avec le minibus à notre véhicule sans donner plus de précisions, de délais, …
Au bout d’une heure et demi, toujours pas de nouvelles. Sommes nous abandonnés dans le désert ? Certes nous sommes surement dans le lieu le plus civilisé des 200 km aux alentours, mais nous sommes quand même en plein milieu du désert, dans une station service où je fais la connaissance d’une énorme sauterelle entre 2 moments de prière, la nuit tombant. Le lieu est dans un état de délabrement avancé, sale, et je ne m’étendrai pas sur la propreté des sanitaires qui vaut le détour. En résumé: pas un endroit où l’on a envie de passer la nuit, mais ça pourrait être pire ^^
Et au moment où nous avions perdu tout espoir (non je rigoles, pas à ce point, mais bon, quand même), le voilà de retour. Il nous demande de venir avec les valises, il arrive in fifteen minutes, genre il va faire le plein. Boulet attitude powaa, le quart d’heure a duré plus d’une heure, ce qui nous a fortement irrité, et nous lui avons bien fait comprendre, mais comme d’habitude, ça n’a pas l’air de l’affecter plus que ça, le remettre en question, ni même le pousser à nous présenter ses excuses et apaiser a tension qui règne dans le véhicule. Enfin bon, l’essentiel c’est que nous sommes en route pour Le Caire.
Départ du Caire en train, direction Assouan
Quelques temps plus tard, nous retrouvons la civilisation, la ville du Caire se présentant à nous. Direction les embouteillages traditionnels, et la circulation tumultueuse. Contrairement à notre chauffeur du premier soir adepte du « klaxon/slalom », notre boulet ne s’était pas montré très dégourdi jusqu’à ce soir. Vu la pression que nous lui avions mis, il devait être pressé de se débarrasser de nous, c’est une métamorphose qui est passée par là. Le klaxon, les appels de phares, les changements de « files » incessants, et même les insultes en arabe (un must en matière d’insulte (*) ), on a tout eu pour tenter d’accélérer notre arrivée.
Grand soulagement, nous sommes bien arrivés à la gare de Gizeh, mais très certainement en retard. Une personne du TO nous attends pour nous donner les billets de train, lequel de train n’est annoncé que d’ici une heure. Et c’est là qu’avec beaucoup de mal, nous arriverons à négocier un « geste commercial » de la part de notre chauffeur, le forçant à se faire pardonner et nous inviter à dîner. Oh non, rien de grandiose, juste un petit repas rapide à emporter que nous pourrons déguster dans le train. Je ne me souviens plus du nom du plat, mais après investigation, il s’agirait du Kochari, un plat très populaire car il a pour effet d’être hyper bourratif et peu onéreux. C’est un mélange de macaronis, lentilles, oignons frits agrémenté d’une sauce tomate, mais sauce tomate extrêmement pimentée (heureusement servie à part histoire de doser le piquant). Et de mémoire, il y avait également des pois chiches dedans. De quoi se remplir le ventre pour nous qui n’avions pas mangé depuis le midi.
Le train a fini par arriver, avec son traditionnel retard, et puis surtout, chose étonnante pour un endroit aussi touristique, les trains sont uniquement annoncés en arabe, la destination étant également écrite en arabe, ce qui rend presque impossible pour un français comme nous d’embarquer dans le bon train, ceux-ci ce succédant sans aucun respect des horaires. Nous prenons donc place dans le train que notre chauffeur nous indiquera. Un grand compartiment en première classe équipé de 2 banquettes et d’une table. Super, nous allons avoir du mal à dormir allongés à 4 là dedans. Pour ce qui est du trajet, ça sera pour le prochain billet, la journée se terminant ainsi…
Et je terminerai avec un peu de nostalgie pour la nuit précédente.
(*) Pour comprendre cette private joke, il faut avoir vu « La Stratégie de l’échec« , une vidéo que l’on peut presque qualifier de culte et que je ne peux que vous recommander.
le KOCHARI c’est trooooooop bon !